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Un tableau, une histoire …Interview

Toile exclusive, acrylique by Melanie Maquinay

« PLUIE ACIDE »

Dans cet article consacré à la narration de l’histoire d’un tableau, on découvrira le pourquoi du comment il a été réalisé, ce qu’il représente pour son auteur et son public, ainsi que son but en tant qu’oeuvre d’art , nous traiterons de la peinture « Pluie Acide », de l’artiste Mélanie Maquinay. Laquelle nous a révélé les secrets de sa toile, dans les backstages de son atelier « We Are Curious ».

  1. Pourquoi ce titre ? 

Je l’ai nommé « Pluie Acide », parce que les coulures me rappellent les pluies acides, lourdes et chargées d’émotions, de pollution, … L’autre s’appelle « L’arbre Lac » parce qu’il y a le reflet d’un arbre dans une flaque d’eau, cela me semblait plutôt évident.

  1. Comment vous est venue l’idée de ce tableau ?

Les tableaux « Pluie Acide » font partie d’une série végétale,  qui représentent des racines ou des arbres, pour la plupart sans feuilles, avec des branches dans des couleurs dorées, argentées ou bronze, et des formes un peu torturées. J’avais envie de parler des problèmes environnementaux, et plus particulièrement du réchauffement climatique pour aborder le sujet des pluies acides. En fait, j’ai commencé par faire des coulures sur une toile, et je me suis dit que j’allais utiliser ces coulures comme fond, parce qu’elle me faisait énormément penser à une pluie assez dense, chargée, un peu agressive et surtout très graphique.

  1. A-t-il une signification particulière ? Quelles émotions, quel état d’esprit représente – il ?

Pour ma part, je lui trouve une certaine mélancolie, mais je pense aussi qu’il dégage quelque chose d’assez « tranché» qui frappe le regard grâce à ce fort contraste entre les rayures qui sont très géométriques et graphiques, et un arbre qui a l’air un peu fragile. Globalement, le message qu’il transmet est : « Faisons un peu plus attention à la nature, car elle subit énormément les répercussions de notre pollution et nos aggressions quotidiennes ». 

J’avais envie de transmettre un message environnemental, avec le souhait de faire réfléchir les gens à la manière dont nous traitons le monde végétal. Les pluies acides étaient quelque chose dont on parlait souvent dans les années 80, mais beaucoup moins aujourd’hui, alors qu’elles sont plus que jamais bien réelles. En effet, la pollution présente dans le sol s’évapore continuellement dans l’atmosphère et nous revient par la pluie en touchant tout ce qui nous entoure : nos maisons, les arbres, nos enfants … Ce lien de « cause à effet » doit toujours, selon moi, être présent dans notre esprit, et une piqûre de rappel est parfois nécessaire pour s’en souvenir. 

  1. Quelle technique de peinture avez-vous utilisé pour réaliser ce tableau ? Étiez-vous familière à celle-ci ou avez-vous testé quelque chose de nouveau ?

La technique de peinture est composée d’abord d’un fond acrylique sur toile, puis d’un autre médium acrylique plus liquide pour les coulures. Je n’étais pas forcément familière à cette technique car l’association entre des coulures aléatoires (une technique basique, au rendu plus accidentel que maîtrisé) et un détail de dessin assez précis dans les branchages, les ombres et la silhouette de l’arbre en lui-même représente un vrai contraste, que j’ai expérimenté de manière spontanée.

  1. Comment vous sentiez-vous durant sa réalisation ? Celle-ci a-t-elle pris du temps ?

Pour faire référence à la question précédente, c’était justement ce côté expérimental d’opposer des coulures et un sujet précis qui était plutôt amusant. Il n’y avait pas trop d’attentes, je me demandais seulement ce qu’allait donner le résultat d’un mélange entre le non maitrisé et la précision. 

Bien évidemment, toutes les toiles prennent du temps, soit à cause du nombre de couches de fond, la préparation des couleurs, le séchage entre deux étapes, le dessin des arbres, les finitions, etc. Après, on ne parle pas en terme de « travail à l’heure » quand on fait de la peinture, puisque le travail est en réalité dispersé sur plusieurs jours/semaines. Mais sinon, mises en bout à bout, cela représente des dizaines d’heures.

  1. À l’heure actuelle, quel rapport entretenez-vous avec ce tableau ? 

C’est un tableau qui a vraiment plu dès sa première expo et qui a interpellé de nombreuses personnes, j’en ai d’ailleurs fait une série. Au total, cinq tableaux ont été réalisés de la même manière, toujours avec ce rapport entre l’arbre délicat et la pluie acide. C’est sans doute le côté graphique, opposé à quelque chose de naturel comme la végétation qui accroche l’œil et interpelle le spectateur. Je suis donc plutôt enthousiaste par rapport à cette série-là.